Malgré mon départ tardif, je me dirige assez tôt vers le site de compétition pour prendre quelques clichés du départ des hommes et des quelques canadiens qui y participaient. Clic, clic, clic! C’est rapidement l’heure d’aller préparer ma transition. Vélo (ah, y’est beau!!), casque, souliers, casquette, élastique et vaseline… les outils des gagnants. Y fait froid…. maudite Écosse frette! Au moins il ne pleut pas, ce qui est un miracle dans le pays des kilts. D’ailleurs, savez-vous que les kilts ont été inventés pour ne pas se mouiller les bas de pantalon? Non mais faut tu qui pleuve souvent pour que les hommes veulent porter une jupe!! Un petit tour aux toilettes. Je rejoins Rosemarie pour un p’tit réchauffement de course. Un autre p’tit tour aux toilettes. On saute, on s’encourage, on chante, on dit des niaiseries. Un p’tit tour aux toilettes avant d’aller sur la ligne de départ. Musique de cornemuse en soundtrack.
Entourée d’à peu près 1000 britanniques, de 3-4 amies canadiennes dont Rosemarie et Sylvie, de sud-africaines, d’italiennes, d’irlandaises, d’américaines, de françaises, de belges, d’allemandes et tout ce que vous voulez, je commence à stresser malgré moi. « C’est les meilleures filles AG du monde. Ouch, je vais me faire torcher!! ». Et POUEEEEEET! C’est parti. Cours, Marie, cours! Focus, focus. Fais ta course, peu importe le résultat. Fais-toi mal, c’est la course de ta vie. Premier 10km. Je crois avoir un bon pace, je me classe à peu près au milieu selon des estimations (qui sont peut-être fortement erronées, je tiens à le préciser). Temps estimatif en arrivant à la transition : 41min30. J’aurais cru avoir couru plus vite… c’est sur que le parcours était rough, mais… bon tant pis! De toute façon, c’est ici que les vraies choses commencent. Je repère rapidement et décroche avec fougue le spécimen le plus sexy de la rangée, l’enfourche avec autant de vigueur, le caresse un peu et puis j’explose en poussant avec tous les muscles de mon corps (non, il ne s’agit pas ici d’un extrait de nouvelle érotique). Tassez-vous les filles, mes fémurs arrivent au volant de mon beau Argon. Tac! Tac! Tac! Une après l’autre je les dépasse. Voilà comment ça roule, des Québécoises! Merci, bonsoir. Temps approximatif : 1h22. Bon, on finit ça avec un peu de course et après ça on dégueule. Mais $/*#/ »$¤%!!!!!! Le dernier gel a mal passé (je ne comprends pas, pourtant c’était celui à l’espresso…!), résultat : une crampe. Une vraie. Une de celles qui ne lâchent pas et qui empêchent de courir… Je marche… JE MARCHE SUR UN 5KM! Imaginez-vous tu? Mon orgueil mange un coup. Ça fait mal. Très mal. Okay Marie, serre les dents. C’est la course de ta vie. Pousse. Tu te fera pas dépasser par une irlandaise rousse certain!!! Okay, on y va. La crampe se fait sentir de plus belle. Y te reste 4km à faire, maudite chochotte! Poooooousse! Pousse comme si t’allais accoucher, ça peut pas faire plus mal que ça anyway. La douleur c’est temporaire! 3km…2km… 1km… £$%#*&%!!! Ça fait mal! Je vois la ligne. C’était le temps que ça finisse. Sprint final. Et enfin j’entends le BIIIIIIIP tant attendu. Ouf! Give me a bottle of water, please! 23min15… ark, worst 5k ever! J’ai au ventre. 1h plus tard, j’ai encore mal au ventre. Maudit gel…dire que c’était ma sorte préférée en plus. Ça finit par passer à force d’être étendue sur le gazon à me demander pourquoi il y a même pas de post-race lunch. Merci à la lâcheté qui me pousse toujours à laisser trainer mes barres tendres dans mon sac.
On est tannés, on a frette, on est en déficit calorique+ hydrique et on a les jambes dans la sauce juste à marcher. Imaginez monter nos 4 étages avec notre stock dont notre vélo. Un orgasme pour les quads.
La suite se déroule au Pear Tree Pub, où toute l’équipe canadienne se rejoint pour fêter nos 3 médailles d’or et notre médaille d’argent. Je me passerai de la description de cette soirée, le caractère sportif de celle-ci étant discutable. Mais je peux vous dire qu’une médaille d’or aux Worlds (ah oui, fait important : j’ai gagné dans mon groupe d’âge) c’est l’équivalent d’un billet pour le bar open…!
Après très peu d’heures de sommeil, je me réveille (m’étais-je endormie, du moins?) pour aller récolter ma médaille. Conviviale mais tout de même très sérieuse, la cérémonie des médailles m’émeut. J’ai d’ailleurs failli verser une larme... scène que Sam et Jonathan ont d’ailleurs pris soin d’immortaliser dans leurs caméras. Vous savez, ce n’est pas à tous les jours qu’on entend : « And now, the world champion …age group women 20-24… reprensenting Canada… Marie-Noël Labrecque! », qu’on monte sur un vrai podium et qu’on reçoit une vraie médaille… en tout cas, moi, ça m’étais jamais arrivé!
Et comme toute bonne histoire se termine bien, un party de clôture des championnats du monde est prévu en soirée. Un buffet anti-végétarien, un déficit d’alcool gratuite et les feux d’artifices de 21h nous poussent à quitter la cérémonie et à s’enfuir sur le toit de mon appartement, qui nous offre une magnifique vue sur le Vieux Édimbourg, pour regarder ces fameux fireworks anglais. Décevant, mais tout de même. Des feux d’artifice, c’est des feux d’artifice. Demandez-moi pas ce qui s’est passé après, mais ce ne fut qu’à 1h30 que j’ai gagné mon inconfortable divan-lit… un autre de ces trous noirs temporels, j’imagine.
Mais puisque je suis originale, ça ne se terminera pas bien. Bi-bi-bi-bip! Bi-bi-bi-bip! Bi-bi-bi-bip! Quoi? Déjà 5h AM… je saute dans la douche (vraiment très) froide, j’avale un bol de gruau Quaker aux pommes vertes et bleuets en vitesse, je taponne sur les derniers détails de mes bagages et hop! Direction aéroport d’Édimbourg. Combien d’heures ai-je dormi? Je ne tiens pas à le savoir, ça pourrait mal finir…
THE END.
1 commentaire:
Marie, on est tous très fiers de toi! Ton texte est magique et transmet très bien toute l'émotion par laquelle tu es passée.
Vas voir sur le site de TQ si ce n'est pas déjà fait : ya un artcile dont le titre est "Marie-Noël Labrecque, championne du monde!"
Ciao
Guillaume et la bande de Hongrois qui sont très fiers de toi. (ah oui et sur facebook, ya plein de monde qui "like" le lien que j'ai mis sur toi... you're so hot even without FB!)
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